Concours Régional d'Eloquence par "Xpression"
L'amour est mort. Vive l'amour.
Représentante de Eloquentia à la finale régionale du concours d'éloquence
Le roi est mort. Vive le roi.
C’est une expression qui célèbre la succession.
Qui célèbre l’héritage qu’un nouveau monarque reçoit
Qui célèbre et soutient ses nouvelles opinions.
Non seulement cela souligne le changement de souverain
Mais il notifie aussi la continuité de la part de divin
Qui se transmet du roi mort à son héritier
Car il ne peut disparaître, il est sacré
De la même façon l’amour change au fil du temps,
Chaque époque a ses attentes sur cette idée
Certains aspects deviennent plus ou moins importants
Nos visées virent et varient sur l’être aimé
Les paysans d’autrefois n’avaient pas les mêmes attentes
Ils recherchaient une femme forte
Une femme qui puisse travailler dans les champs
Une femme sur qui compter et qui les réconforte
Les hommes dans la cours du roi majestueux
Cherchaient une femme de bonne famille avec des formes arrondies
Celle qui pourrait faire d’eux des nobles, des sangs bleus,
Celle dont la richesse assurera d’évoluer dans la cour de la monarchie
Mes grands-pères cherchaient une femme qui les rassure
Une femme religieuse, une femme pure,
Une femme pouvant élever les enfants de leur union
En leur inculquant valeurs et traditions
Mon père cherchait plutôt une compagne fiable
Avec qui construire des projets durables
Une partenaire qui ne partira pas
Un amour qui ne périra pas
Tandis qu’à notre âge, on cherche quelqu’un qui nous aime pour ce qu’on est
Quelqu’un qui nous respecte et s’intéresse à nos projets
Quelqu’un en qui ont peut placer notre confiance
Quelqu’un qui nous comprenne et nous supporte en toutes circonstances
L’amour s’est donc développé au fil du temps
Il s’est adapté à son environnement
A chaque époque il se transcende
Il renaît toujours de ses cendres
Mais le sentiment profond de l’amour véritable
Ce ressenti est tellement puissant qu’il est inaliénable
Les émotions nous emportent toujours autant qu’avant
Notre attachement est toujours aussi fort qu’avant
Alors, puisqu’il s‘adapte et qu’il se transforme,
Mais qu’il garde le sentiment qui fait son essence jour après jour,
On peut le clamer haut et fort
L’amour est mort. Vive l’amour !
De la même façon l’amour change au cours de la vie
A chaque phase que l’on traverse il prend des sensibilités différentes
Quoi qu’il arrive il nous entoure, nous enveloppe et nous suit
Il nous transperce, nous perturbe et nous hante.
Le premier amour que l’on rencontre, c’est celui de notre mère
Il nous permet de survivre à nos premiers jours sur cette Terre
Il nous aide à grandir et atteindre la majorité
Tout en continuant à nous conseiller les années d’après.
Puis viennent les premières relations d’amitié
Et parfois même les premières amourettes
Qui sont bien compliquées à l’époque du collège ou du lycée
Mais essentielles pour murir et mieux se connaître
Puis s’en suit souvent plusieurs relations
Car il est difficile de trouver le bon compagnon
De déceler celui qui nous correspond
Et avec qui il n’y aura pas de barrière de communication
Et entre chaque relation c’est la rupture
L’amour se fane, s’éteint, se tue.
Cette mort, on en a besoin pour faire le deuil
Pour terminer cet attachement avant de passer à une histoire neuve
Mais toujours l’amour renait
Toujours il réapparait
Au moment où l’on ne l’attend pas
Car à jamais dans notre cœur il persistera
On le retrouve alors dans une autre personne
Ou dans de nombreuses amitiés
Tout ce que l’on affectionne
Est la preuve que l’amour a ressuscité
Et non seulement il s’est ravivé
Mais la flamme qui l’anime
Elle ne perd pas de son éclat, de sa beauté
Elle se transmet d’une passion à sa voisine.
Alors, puisqu’il s‘adapte et qu’il se transforme,
Mais qu’il garde le sentiment qui fait son essence jour après jour,
On peut le clamer haut et fort
L’amour est mort. Vive l’amour !
De la même façon l’amour change tout autour du monde
Chaque civilisation a ses propres traditions
Il ne se traduit pas de la même façon selon les cultures
On n’aime pas de la même façon en Asie qu’en Amérique du Sud.
En Europe occidentale, on ose se montrer amoureux
Les gestes tendres au milieu de la foule ne sont pas scandaleux
Il est perçu comme normal se s’enlacer et se s’embrasser
Dans les lieux publics ou avec des invités
A contrario, les japonais sont moins démonstrateurs
De leurs gestes d’amour, ils font preuve de pudeur
On ne les verra jamais trop se rapprocher
Mais leur amour n’est pas moins fort, il est juste caché.
Dans les pays du Maghreb, les liens sont également différents
Puisque les activités hommes/femmes sont bien séparées
Les invités ne voient la femme au foyer que très rarement
Les contacts physiques ne se font que dans l’intimité
Un collègue Sénégalais, lui, a deux femmes,
Il aime autant les deux, toujours impartial,
Et ses femmes sont heureuses à cette idée,
Car en plus de l’amour, elles partagent l’amitié au sein du foyer.
Chez les Mosos et les Khasis, des tribus de l’Himalaya
Les femmes jouent un rôle très crucial
Et parce qu’elles sont plus puissante et écoutées
Leurs mœurs concernant le couple se sont libérées
Des quatre coins du monde, l’amour prend différentes formes
Qui se confrontent et qui se complètent les unes avec les autres
Et en passant d’une tradition à une autre, on voit qu’il se transforme
Qu’il change, il s’adapte à ce que la culture lui impose.
Mais le sentiment qui lie les êtres aimés
Est toujours aussi puissant, aussi sacré
Il dépasse toutes les traditions
Il navigue à travers toutes les civilisations
Alors, puisqu’il s‘adapte et qu’il se transforme,
Mais qu’il garde le sentiment qui fait son essence jour après jour,
On peut le clamer haut et fort
L’amour est mort. Vive l’amour !
Car oui, n’oublions pas que cela fait 100 000 ans
Que l’homme moderne existe
Et donc 100 000 ans que les relations entre les hommes changent
Pour s’adapter à l’environnement et que notre race persiste.
L’amour s’est donc mainte fois renouvelé
Face aux contraintes et contre vents et marées
Afin d’assurer aux humains d’enfanter
Et donc à l’humanité de se perpétuer
Car l’homme est avant tout un être sociable
Il a besoin de lien avec ses semblables
En tissant ses relations, l’amour et les sentiments
Naissent donc naturellement
Aujourd’hui, nous sommes la preuve vivante
Que nos ancêtres ont su à chacune de leur époque
Aimer leurs semblables de façon innovante
Pour qu’au fil du temps, nos amours soient de plus en plus fortes.
Ce sentiment d’amour s’est transcendé
Il a gardé ce qu’il a de meilleur dans toutes les écueils qu’il a traversé
Afin de se développer dans des environnements plus ou moins sains
Et pour arriver à une passion qui atteint le divin.
Alors, puisqu’il s‘adapte et qu’il se transforme,
Mais qu’il garde le sentiment qui fait son essence jour après jour,
On peut le clamer haut et fort
L’amour est mort. Vive l’amour !




ELOQUENTIA 1/8e de FINALE
L'inconscient est-il une excuse ?
POSITIVE
8e de finale - ELOQUENTIA GRENOBLE - 13/03/2018
La nuit. Les étoiles.
Et moi. Plantée là.
Allongée sur le sol à regarder en l’air.
L’odeur de l’herbe et de l’humidité de la terre.
Le bruit du vent et de quelques chouettes aux alentours
Et puis, la lune rayonnante et toutes les étoiles qui l’entourent.
Alors mes paupières se ferment et c’est un tout autre monde qui s’ouvre devant moi.
Mon imagination m’emmène dans de lointaines contrées,
Des contrées que je crée seule dans ma tête mais que paradoxalement je ne choisis pas
C’est d’ailleurs ce qui fait leur beauté,
La magie de ce mystère
Qu’on va chercher au fond de nous-même
Et en se laissant guider ainsi,
c’est comme jouer à la loterie :
Je peux tomber dans un inconnu agréable, rappelant des souvenirs réconfortant,
Je peux tomber dans un inconnu neutre, plus fréquent d’ailleurs et moins intéressant
Je peux tomber dans un inconnu malsain, une partie de moi que je refoule en vain.
Hier, je suis tombée sur le tendre souvenir des bras de mon compagnon,
La sensation que rien ne peut nous arriver tant que l’on reste ici.
Mes rêves me servent donc à re-vivre et re-sentir ces émotions, ces sensations.
Mais tous les soirs ne sont pas comme celui-ci.
Et si ce soir, je rêve d’un monde sombre,
D’un monde où les valeurs encombrent
Un monde où je vole, je tue, j’abuse de cruauté
Un monde où je prends plaisir à faire des atrocités.
Et si ce soir, je commence à prendre goût à la barbarie
Et si ce soir, je jouis de la cruauté affligée à autrui
Et si ce soir est le soir où je me révèle être un monstre
Et si ce soir est le soir où je deviens une abomination ?
Car si ce soir est le soir où je chavire,
Alors demain est le dilemme, je dois choisir :
Soit je refoule ces idées sombres qui pourtant me plaisent tant
Soit je passe à l’action et j’engendre mon plan horrifiant.
Demain, je me dégoute des idées qui peuvent me traverser
Mais je ne peux les chasser car en moi-même, je suis piégée.
Je me bats contre ces pensées, Je suis tiraillée
Je suis obsédée, je suis aliénée.
Mais si demain je passe à l’action
Si demain j’outrepasse ma raison
Alors la faute à qui, à quoi ?
Le coupable, est-ce que c’est moi ?
J’ai voulu pourtant me contrôler
J’ai voulu pourtant n’pas offenser
Mais le poing qui a frappé, c’est le mien,
Mais la main qui étranglait, c’est la mienne.
Et si demain j’invoque ces sombres idées
En excuses pour me faire pardonner
Alors est-ce qu’il sera légitime
Que je me porte en victime ?
Victime de ces pensées
Dont je n’peux réchapper
J’pourrais dire « non, c’n’est pas d’ma faute ! »
De ces idées je ne suis que l’hôte !
Mais le poing qui a frappé, c’est le mien,
Mais la main qui étranglait, c’est la mienne.
Suis-je plus fou que je n’suis vil ?
Ma place serait donc dans un asile ?
C’est mon inconnu qui influe
C’est inconscient qui le tue
C’est ce mal que je garde au fond de moi
C’est ce mal qui me fait perdre foi
Je ne voulais pas blesser,
Je ne voulais pas tuer,
Mais le poing qui a frappé, c’est le mien,
Mais la main qui étranglait, c’est la mienne.
Ce sont mes gestes qui ont porté atteinte,
C’est mon action qui mena à la crainte
C’est donc moi qui suis à blâmer
Car c’est moi le seul meurtrier
Menez-moi donc en prison
Je mérite l’incarcération
Je suis responsable de mes actes
Même s’ils sont guidés par le mal
Car le poing qui a frappé, c’est le mien,
Car la main qui étranglait, c’est la mienne.
Je me dis, a posteriori
Que j’aurai pu m’faire secourir
Que le désastre aurait pu être évité
Si j’avais su me faire aider
C’est le temps où je refoulais
Qui fit de moi un tortionnaire
Mais malgré tous ces regrets
Il faut accepter la réalité
Car le poing qui a frappé, c’est le mien,
Car la main qui étranglait, c’est la mienne.
Si mes pensées tiennent de mon inconscient
Les mettre en actions était conscient
Si refouler m’emballait le pouls
J’me voyais bien devenir fou.
J’étais conscient d’mon inconscient
J’me savais apte à être violent.
Malgré ces faits, j’me suis cachée
Laisser moi donc m’faire inculper.
Car le poing qui a frappé, c’est le mien,
Car la main qui étranglait, c’est la mienne.
D’puis qu’on est p’tit, on nous l’a dit,
Qu’il n’faut pas faire, d’mal à autrui
On peut penser, bien tout c’qu’on veut
Tant que l’on reste, pas dangereux.
Donc l’inconscient c’est qu’une excuse
Il explique la source, mais pas qu’on abuse,
Car quand nos accès nous font braquer
C’n’est qu’sur nos actes qu’on peut compter.
PEUT-ON DEPLACER DES MONTAGNES ?
NEGATIVE
1/4 de finale - ELOQUENTIA GRENOBLE - 21/03/2018
J’ai toujours vu ma mère
En cuisine pendant qu’mon père
Au travail il s’affairait
A la maison il s’absentait
Dans les foyers de mes amis
Ils fonctionnaient aussi ainsi
Est-ce un standard ? Est-ce une norme ?
Doit-on toujours rester conforme ?
Ma mère et sa mère avant elle,
Ont leur valeurs, en sont fidèles,
Afin d’avoir une vie épanouie
Il faut être dévouée à sa famille
Mon père et son père avant lui
Pensent qu’au travail on s’investit
La maison est une autre affaire
Ils laissent donc leur femme faire
J’ai donc grandit dans un monde scindé
Et de mon frère on me séparait
On n’attendait pas les mêmes choses
Du garçon en bleu, de la fille en rose
Pendant qu’mon frère pouvait s’intéresser
Au sport, aux voitures ou aux sciences
Moi, je devais me confronter
A la cuisine, les arts, la bienséance.
Je n’dis pas que ces choses-là sont moindres
C’est juste que je préférais les tracteurs aux épingles
Et alors face à cette culture
J’ai fini par aimer la couture
Puis à l’école pour m’intégrer,
Il fallait toujours s’adapter,
Car les groupes d’affinité
Dépendaient de nos activités
Je voyais donc toutes mes copines
Faire de la musique, faire de la gym
Tandis que mes copains
Jouaient au tennis ou avec des trains
Je n’sais pas si j’ai bien fait de suivre ce chemin
Mais j’voulais tout faire et pas choisir
Du tennis et du judo avec les copains
Du théâtre et du piano avec les copines
Pendant un bon moment
J’ai surmené mon emploi du temps
Pour ne pas avoir un faire un choix
Pour faire aussi ce qu’il me plait, à moi.
Mais cette méthode a ses limites
Car il y a un âge critique
C’est ce qu’on appelle l’adolescence
Et on n’en a pas souvent conscience
C’est quand les filles commencent à avoir des formes
Et quand les garçons réveillent leur testostérone,
Que les médias font passer des messages
Discriminant, sciemment ou par mégarde.
Que les formes pulpeuses
Que la beauté avantageuse
Sont le seul moyen, pour la femme, d’attirer
Et donc le seul moyen, pour elle, d’exister
C’est alors à ce moment crucial
Ce moment de conscience instable
Que la société nous demande de faire des choix
Qu’elle nous demande de trouver sa voie.
A 15 ans, on choisit son lycée professionnel ou général
A 16 ans, on choisit sa filière sciences ou social
Dans ces années de repères en berne
C’est notre futur que l’on discerne
On choisit donc en s’faisant aider
De ses parents, de ses ainés
Dont la vision également est altérée
Par ce fossé présent depuis des années
En voyant que seulement 3% des prix Nobels
Sont attribués à des sapiens femelles
Qu’on est moins d’un tiers des scientifiques
Et moins d’un quart en politique
Comment les jeunes filles peuvent se projeter
Dans des milieux si confrontés
Au sexisme, aux remarques et aux railleries
Dues au simple fait d’être une fille.
Elles sont donc plutôt guidées
Vers les métiers de la santé
De l’aide aux personnes âgées
Ou du commerce de proximité
Leur futur est tout tracé
Et le gouffre n’est pas prêt d’être remblayé
Car elles montreront dans leur foyer
L’exemple qu’on leur avait déjà montré.
Ce qui m’a poussé à suivre un chemin différent,
A faire des mathématiques et des sciences
Et donc me séparer de mes amies
C’est les regrets de ma mère a posteriori
J’ai alors compris que ce qu’il faut suivre
C’est pas les autres, c’est nos envies
Et même si pour ça, il faut traverser
Des passages incompris et esseulés
Aujourd’hui nous avons encore l’exemple
3 femmes sur plus de 40 participants
Et 1 seule représentante féminine
En face de vous aujourd’hui
On se demande alors pourquoi ce déficit
Sûrement parce qu’il est perçu comme trop viril
De défendre ses idées avec ferveur
De parler fort comme un orateur
La gagnante de l’année dernière
Etait dans la situation similaire
Ludivine présente juste là
Seule femme en quart de finale
Preuve qu’on n’est pas moins méritantes
On est juste moins présente
Moins présentes parce qu’on n’ose pas
Parce que d’après notre culture, notre place n’est pas là.
Lors de son discours en finale à Paris
Ludivine a donc reçu les critiques du juri
Alors que les autres étaient analysés sur le fond
Elle n’a reçu que des remarques sur sa condition.
Que son look strict et classique faisait penser
A une prof de bio qui fait fantasmer
Mais que sa façon de parler en femme forte et affirmée
Frustrait les hommes, jusqu’à les émasculer.
(Je n’fais que citer)
Est-ce des remarques que l’on doit accepter ?
Des injustices perpétuées même par les plus éduquées
Une semaine après que ces remarques furent prononcées,
Seuls trois jurés se sont excusés.
Les autres et les femmes du juri
N’ont même pas ressenti
L’injustice qui s’était passée
Une scène trop usuelle pour être remarquée.
C’est donc à cause de cette éducation
Que les femmes font abnégation
Qu’il y a si peu de femmes au pouvoir
Parce qu’elles pensent ne pas le valoir.
A force qu’on nous dise que l’on n’est pas capable
On ne pense pas à déplacer des montagnes
On ne va pas déplacer des montagnes,
On ne peut pas déplacer des montagnes
Aujourd’hui je montre cela par l’exemple du sexisme
Car c’est celui dont je peux vous parler, celui que je vis
Mais la scission est la même pour les enfants des quartiers,
Pour les personnes différentes ou pour les étrangers.
Notre culture est une culture qui influe
Une culture qui exclue
Une culture qui reclue
J’espère seulement qu’elle évolue
Alors pour favoriser l’évolution
Il faut miser sur l’éducation
Car ce qu’on nous dicte encore enfant
Influe beaucoup lorsqu’on est grand.



SOMMES-NOUS L'ILLUSION DE NOUS-MEME ?
NEGATIVE
Petite finale - ELOQUENTIA GRENOBLE - 21/03/2018
On n’se sent pas forcément bien dans nos vies fades
Alors on s’change les idées par des p’tites blagues
En jetant la faute sur des types paf
Alors qu’en vrai c’est nous qui avons l’pif en vrac
Non, pas besoin de faire des mic-mac
On évite les films de meurtre au pic à glace
On va plutôt bouffer ensemble un Big Mac
Parce qu’on n’est pas du genre à boire des kirs poire
Entre nous, on est simple, ya pas de zigzag
On parle de trucs normaux, ouais, de slips sales,
Ou de projets futurs, car on kiffe ça
Mais qu’on n’fait jamais parce qu’on flippe grave
On entend dans nos vies le tic-tac
Faut qu’on bouge, le futur a pris l’large
Donc on essaie encore, on hisse le mat
Mais on reste échoué sur la rive du lac
Tous les jours on s’réveille sur notre clic-clac,
Notre studio ressemble à un brique-à-braque,
On dirait que l’appart vient d’être mis à sac
Il faudrait vraiment qu’on se tire de là
Alors oui, viens, on prend nos clics, nos clacs,
Après tout, on a bien réussi l’bac
On peut donc affronter le pire trac
Mais avant tout ça, faut qu’on vide nos sacs
Aujourd’hui, je viens vous parler de ma vie,
De mes expériences, mais surtout de mon ressenti
Parce qu’en prenant un tout petit peu de recul
J’me rends compte que mes peurs n’étaient pas si ridicules
Malgré mon caractère toujours enjoué
J’ai maintes fois dû cacher,
Les doutes qui en moi résidaient
Les craintes qui en moi grandissaient
Dès petite j’avais du mal avec l’école
Même si j’ramenais toujours des bonnes notes
Je glandouillais tout c’que je pouvais
Et je ne me concentrais jamais
Mes parents qui étaient toujours dévoués
Ont trouvé de nombreux professeurs particuliers
Pour qu’à la maison je puisse un peu travailler
Et compenser les cours que trop souvent je manquais
J’ai donc passé mon collège et mon lycée
En étant toujours assistée
Et même en passant aux études supérieures
J’ai gardé ces aides extérieures
Alors en moi la confiance s’est brisée
Car je me disais que ma place n’était pas méritée
Que si j’étais toujours la meilleure
Ce n’était que grâce à ces professeurs
J’avais ce sentiment d’injustice
Qu’avec mes concurrents encore en lisse
On n’était pas logés à la même enseigne
Et que si je gagne c’n’est que parce qu’on m’aide
Alors j’ai obtenu mes diplômes avec brio
J’ai réussi mes épreuves et obtenu les bravos
Car oui, j’ai fini mon école d’ingénieur
Mais cela n’a pas apaisé mes peurs
Alors arrivée à ce niveau érudit
Où l’on est considéré comme l’élite
On se dit que la confiance en soi devrait revenir
Que je devrais être fière et sans souci
Mais non, à l’intérieur de moi c’est la crainte
C’est donc pour moi une victoire en demi-teinte
Peur qu’on s’aperçoive que je ne mérite pas tant
Que toutes ces années d’études ne soient que du vent
Alors je n’cherche pas un travail tout de suite
Je veux juste faire une pause dans ma vie
Et j’en profite pour retarder le moment
Où le monde se rendra compte de ce que je vaux vraiment
Car d’après moi, je ne suis finalement pas grand-chose
D’après moi, tout ce que j’ai-je le dois aux autres
J’suis une fille qui a eu la chance de naître dans une famille aisée
Et donc une fille qui a eu la chance d’être aimée et aidée
Donc j’ai accepté le premier job qui m’a été proposé
De peur de ne jamais en retrouver
Parce qu’une entreprise pouvant me faire confiance
Ferait d’après moi preuve d’insouciance
C’est donc emplie de tous ces doutes
Que je vais vers ce que je redoute
Que je puise ce qu’il me reste de confiance en moi
Et que je me dirige vers mon premier emploi
Ce premier emploi ne me correspondait pas
C’était des fonctions où je ne me retrouvais pas
Mais puisque je me considérais pas assez qualifié
Je pensais que cette place non désirée m’était méritée
Il m’a fallu longtemps pour comprendre
Que l’illusion que je m’étais faite sur mes compétences
N’étaient ni fondées, ni réelles
Que l’on n’est pas l’illusion sombre que l’on se fait de nous-même
Que tout ce que je pouvais faire et que tous les exploits
Ne clouerai jamais le bec à cette petite voix
Qui trouvera sans cesse un prétexte
Pour me rabaisser afin que je me déteste
Et que ces pensées qui me rabaissent
Et qui installent en moi le malaise
N’ont rien de concret, rien de consistant,
Elles ne sont que fiction, illusion, néant
Ce qui m’a permis de changer d’esprit
C’est le regard de mon petit ami
Et c’est alors que j’ai compris
Que je méritais plus d’estime
Car il m’aime pour ce que je suis
Pas pour mon niveau de vie
Il apprécie ma personnalité
Sans profiter de mes activités
Il n’a pas eu honte de me présenter
A sa famille qui pourtant à pour valeur de se dépasser
Quand moi j’étais encore sans travail
Et que je n’apportais ni prestige ni capital
Il n’avait pas honte de me présenter
A ses amis qui n’ont pas les mêmes priorités
Quand moi de mon corps je suis complexée
Et que je n’ose pas toujours m’intégrer
J’ai donc compris que je pouvais avoir de la valeur
Dans les yeux d’un homme plein de douceur
Qui en faisant juste preuve de respect
M’a permis de me développer
Aujourd’hui mes doutes n’ont pas disparus
Mais je n’me suis pas abattue
Ils se sont juste un peu estompés
Ce qui me permet de relativiser
J’ai changé de travail et je suis contente de ma boîte
Et même si souvent je doute encore de moi
Je me dis que les autres sont pareils
Qu’ils doutent également de leurs gestes
Désormais, je reprends donc doucement confiance
Cette année j’ose acheter mon propre appartement
Cette année j’ose chanter devant un public
Cette année j’ose devant vous discourir
Donc j’aimerais profiter de ce concours
Pour glisser un mot dans mon discours
A l’homme que j’aime et qui est devant moi
Car Eloquencia ça sert aussi à ça
Et oui, je vais prendre ma guitare
Pour exprimer mon petit message
Même contre l’avis des jurés
Qui me l’avait déconseillé
Ces mots je les adresse à mon amoureux,
Mon chaton, mon cœur, à toi Mathieu,
Car de ces paroles, chacun des mots je les pense
Et j’aimerais qu’à ton oreille, ils prennent tout leur sens
Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer
Et la terre y peut bien s'écrouler
Peu m'importe si tu m'aimes
Je me fous du monde entier
Et tant qu'l'amour inondera mes matins
Et tant que mon corps frémira sous tes mains
Peu m'importent, oui, les problèmes
Mon amour puisque tu m'aimes
